Vélo, potager et cerveau

(Nous vous conseillons d'imprimer cette note pour bien la comprendre)

1- Dégradation de la vision

Lorsqu'on lit, l'oeil distingue nettement 4 à 6 lettres à la fois (c'est ce ce qu'on appelle la vision fovéale); mais il distingue d'autres lettres moins nettement, à côté de cette zone nette, c'est la vision parafovéale, qui prépare la vision nette et le prochain mouvement à faire par les yeux pour  permettre la vision fovéale et optimiser la lecture.

Sur les écrans, la zone d'anticipation parafovéale rétrécit car elle est perturbée par le scintillement de la surface et le moindre contraste entre les lettres et le fond, ainsi que par une moindre netteté des limites des lettres. Tout cela engendre un surcroît de fixation et un ralentissement de la lecture de 25%.

2- Difficultés pour mémoriser

Lorsqu'on lit sur du papier, une phase essentielle de la mémorisation repose sur la stabilité des coordonnées spatiales en 3 dimensions; page de gauche, page de droite, en haut, en bas, à droite, à gauche, début, milieu, fin du livre.

Avec les écrans il y a une perte importante des marqueurs spatiaux, et bien sûr, de la stabilité du document sur son support, l'écran. De tout cela résulte une détérioration de la mémoire spatiale du texte qui va géner la mémorisation globale.

3- Difficultés pour rester concentré

Avec les écrans, lorsqu'on fait défiler le texte ou qu'on change de page électronique, on observe un phénomène de "cécité au changement", "change blindness" en anglais, qui fait qu'on efface, en partie, la mémoire de l'image de la page qu'on vient de lire. L'attention décroche et on a peine à se souvenir de ce que l'on était entrain de lire.

4- Difficultés pour assimiler ce qui est lu

Les liens hypertextes, les commentaires audio, les vidéos, qui accompagnent les textes qu'on trouve sur les écrans, viennent compliquer la tâche du lecteur qui peut, très vite, se retrouver en "désorientation cognitive". Le sujet finit souvent par éprouver des difficultés à se repérer dans l'architecture globale du document et à comprendre les relations unissant ses différentes parties. Le sujet finit par perdre l'objectif de sa lecture. D'après les experts cela ferait perdre 30% de la force de travail.

Une expérience a montré que la lecture hypertexte est facilitée  si le sujet a dû lire d'abord le texte de manière linéaire conformément à l'enchaînement conceptuel voulu par l'auteur.

La lecture linéaire classique a l'avantage de reposer le cerveau qui n'a qu'à faire une chose, comprendre ce qu'il lit et l'enchaînement de la pensée de l'auteur. La multiplicité des sources engendre une saturation de la mémoire de travail, dont on sait que les capacités sont limitées, ce qui est corroboré par les expériences qui montrent une nette diminution de la mémorisation des documents sur écran.

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> Une expérience a comparé la lecture d'un "Science et vie" de 1979, d'un "Science et vie" de 2009 et de la version électronique du même "Science et vie" de 2009.

- On observe une lecture linéaire classique avec le numéro de 1979.

- Pour la version numérique de 2009 "les titres focalisent l'attention, l'oeil passe d'un titre à l'autre sans s'arrêter, on ne peut pas parler de lecture, mais d'un simple repérage rapide".

- La version papier de 2009 est très proche dans sa présentation de la version électronique et génère une lecture non linéaire, apparemment assez destructurée et proche de la version internet, le style internet est venu influencer le style des journaux.

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5- Perte de la capacité de lecture linéaire

Il y a un grand risque que l'habitude de recourir aux écrans pour lire fasse d'ores et déjà perdre, en partie, jusqu'à la capacité à lire de manière linéaire classique avec mémorisatioin et organisation dans la mémoire des éléments mémorisés.